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les pets de nonne de ma grand-mère

Ma grand-mère, malheureusement disparue depuis maintenant environ 20 ans, tenait un cahier de recettes. A cette époque là, j’étais trop jeune, et la cuisine n’était pas ma tasse de thé. C’est seulement bien des années plus tard que mon intérêt s’est porté non seulement sur la cuisine, mais aussi sur les recettes et traditions culinaires familiales. Mon grand-père, qui était alors encore parmi nous, m’avait permis de recopier les recettes du cahier de ma grand-mère.

Hélas, je n’ai pas tout recopié. Il me manque quelques recettes. Je pense tout particulièrement à la confiture d’orange amères que je détestais quand j’étais gamine, mais qui aujourd’hui me paraît un must. Vous savez, cette gelée parfaitement limpide dans laquelle flottent des zestes en lanières hyper fines? Pourquoi ne l’ai-je pas recopiée? Trop tard aujourd’hui, je ne sais pas où ce cahier peut bien se trouver. Sans doute disparu à tout jamais… Comme les oranges amères d’ailleurs, je ne saurais même pas où aller pour en acheter!

Parmi les recettes de ma grand-mère, il y a les pets de nonne. Je suis sûre que vous n’allez pas me croire, mais je vous le dis quand même : je n’ai jamais mangé ni cuisiné de pets de nonne… Pourquoi l’avais-je recopiée, celle là, et pas la confiture d’orange amère? Je me le demande bien… Toujours est-il qu’il y a 2 ou 3 jours, quelque blogueur ou blogueuse a mentionné ses pets de nonne… Et ça m’a donné une furieuse envie de tester cette recette que je n’avais encore jamais faite.

Les pets de nonne

Voici exactement le texte relevé il y a 15 ans dans le cahier de ma grand-mère, soigneusement conservé par mon grand-père. Je vous jure que c’est exactement ce qu’il y avait marqué, pas un mot de plus ni de moins :

1 verre de lait
1 verre de farine
2 oeufs
cuire la farine dans le lait.
Ajouter l’oeuf, mélanger, puis ajouter le 2eme oeuf.
frire par petites cuillers à l’huile de friture.

Voilà.
Concis, n’est ce pas?
En plus, quand on n’en a jamais fait ni même mangé, heu… on ne sait pas trop comment s’y prendre… Et quand, évidemment, on n’a pas noté les références du blog à l’origine de cette aventure, on a l’air bête… Qu’à cela ne tienne, je ne suis pas non plus totalement née de la dernière pluie, j’ai quand même quelques réflexes…

Alors j’attaque en faisant bouillir 1 tasse (250ml) de lait dans une casserole. Quand ça bout, j’ajoute ma farine (250ml aussi) d’un seul coup, et je touille à mort. Je touille, je touille, je finis par couper le gaz, je n’en peux plus, je touille et retouille, ça ne se lie pas, c’est plein de grumeaux, mais là je n’en peux plus, mes 2 bras sont épuisés, je ruissèle, je souffle comme une forge, mes cheveux me tombent sur ma figure toute rouge,
STOP!
Hors du feu toujours, j’ajoute le 1er oeuf, je touille à nouveau, ça ne se lisse pas vraiment, j’ajoute le 2eme, ce n’est toujours pas très lisse…

Mais là, je suis au bord de l’agonie, je décide par conséquent que ça ira comme ça, point barre.

Je fais alors chauffer mon huile à friture dans mon wok, et je m’entraîne à rouler des quenelles dans 2 petites cuillers, ça tombe bien, je n’avais encore jamais fait ça. J’ai pris le coup de main maintenant, pas de souci, je sais faire, et ça ne m’affollera plus désormais de rencontrer une telle requête dans une recette!

A force de m’exercer, mon huile est chaude. Je commence à faire frire environ 7 petites quenelles de pâte. A peine arrivées dans l’huile, elles remontent à la surface. Cela veut-il dire qu’elles sont cuites? Heu… Ben j’en sais rien, moi… Quand même, ils sont bien blancs, ces pets de nonne, je les aimerais peut-être un peu plus colorés, si je peux dire…

Alors j’attends… En effet, ils commencent à prendre une jolie couleur. Je me précipite alors pour les sortir avec ma belle araignée quand SCHPLATCH! ils explosent les uns après les autres! Ah ben les nonnes, faut qu’elles arrêtent les topinambours, hein, parce que je me suis pris des goutelettes d’huile bouillante sur les bras, et il y en avait partout dans la cuisine, par terre, sur les murs, sur les placards, sur la fenêtre, la hotte était littéralement crépie, la crédence dégoulinait… Le temps de chausser un miracle du progrès : le gant anti-chaleur, et ainsi armée et prête à braver tous les dangers explosifs de ma cuisine et des bonnes soeurs, je finis de sortir les dernières miettes…

Car voyez-vous, le pet de nonne étant une pâte à chou, c’est creux à l’intérieur quand c’est trop cuit… Autrement dit, j’avais comme qui dirait des oeufs kinder ouverts en deux et pillés par les gamins, jolie coque bien dorée, croustillante mais entièrement vide…

Groumpfffff !

Je ne vais pas me laisser faire comme ça quand même. J’attaque la fournée suivante, mais je les laisse moins longtemps. J’attends qu’ils se fendillent une première fois sans éclater, et là je les sors. Ils sont un peu dorés, mais pas trop.

Je les dépose sur un lit de sopalin saupoudré de sucre semoule.

C’est un régal. Enfin ceux qui ont quand même suffisamment cuit. Parce que j’avais tellement peur qu’ils explosent à nouveau que certains avaient encore leur pâte crue à l’intérieur… lol! Cela dit, j’en referai, après avoir fait au préalable une recherche intensive sur leur cuisson.
Et rien que pour le plaisir, je poste encore une petite photo de l’huile sur ma cusinière. Sachant qu’il y en avait autant par terre et sur les murs autour… Mais qu’on s’est tous tellement régalés que ça valait quand même le coup de me taper le nettoyage…

On ne voit pas très bien, mais il y avait plein de gouttelettes d’huile, et surtout une énorme flaque…
J’en ai quand même bavé pour nettoyer…